Alors que le projet d’IPO de WeWork est en cours de préparation, son PDG et cofondateur Adam Neumann vient d’officialiser le changement de nom de l’entreprise. Désormais, cette dernière s’appellera The We Company pour mieux refléter ses activités. Ces dernières seront articulées autour de trois pôles, dont la location de bureaux associée à WeWork, celles des résidences avec WeLive et le projet WeGrow pour les établissements scolaires.
Cependant, dans les coulisses de la firme, des dépenses discrètes ont été faites en parallèle pour son patron. Un montant de 5,9 millions de dollars a en effet été perçu par celui-ci dans le courant de l’année.
WeWork, une compagnie dirigée par une main de maître
La société WeWork a été créée en 2010 par Adam Neumann et Miguel Mckelvey à New York. Elle base ses activités sur la location de locaux, d’espaces et de services sur le concept du travail partagé. Présente dans plus de 50 villes réparties dans 16 pays, dont en France, elle dispose actuellement de 260 locaux dédiés au travail partagé, et compte plus de 130 000 clients journaliers, dont s’occupent plus de 2 000 salariés. En 2019, ses dirigeants décident de lui attribuer le nom de The We Company, lequel tient compte de nouveaux projets d’activité.
Un changement de nom coûteux et une transaction discrète chez WeWork
Si le changement de nom de la société WeWork a été officiellement annoncé par son patron Adam Neumann, le prix de la transaction a par contre été dévoilé par Business Insider US. Ainsi, la bagatelle de 5,9 millions USD aurait été mise en jeu dans cette opération réalisée en 2019. Ce montant peut déjà en surprendre certains, mais l’achat d’un nom de marque peut en effet coûter des sommes faramineuses.
Le plus important est surtout que l’opération a permis à l’entreprise de bénéficier d’un nom plus conforme à ses aspirations. Mais les révélations dévoilent aussi qu’elle n’en a pas été la seule bénéficiaire ou du moins que les autres bénéficiaires ne sont pas ceux à qui l’on pourrait s’attendre. En effet, le dossier de la transaction stipule que le nouveau nom de la compagnie lui a été cédé par une société nommée We Holdings LLC. Et cette dernière ne serait pas étrangère aux fondateurs du géant du coworking, puisque ceux-ci sont directement impliqués dans sa création.
En effet, cette société a été fondée dans l’optique de permettre aux actionnaires de WeWork de réaliser une gestion externe de leurs parts de l’entreprise. En fin de compte, le PDG de la compagnie a payé plusieurs millions de dollars l’une de ses autres firmes pour autoriser le changement de nom. Il s’est donc payé lui-même.
La Direction de WeWork, une étrange répartition des pouvoirs
Adam Neumann, le patron et co-fondateur de l’entreprise WeWork , actuellement renommée The We Company, suite à un nom acheté auprès de son autre entreprise We Holdings, semble exercer un contrôle inquiétant sur sa compagnie. En effet, le dossier dévoile également d’autres surprises quant à la composition de son comité de direction et l’identité des autres décisionnaires. Trois membres forment le conseil d’administration de la firme et ont, entre autre, pour responsabilité de choisir le remplaçant de l’actuel PDG, dans le cas où celui-ci se trouve dans l’incapacité éventuelle d’assumer les attributions de son poste.
Au sein de ce comité d’entreprise, Adam, le patron possède également un droit de vote pondéré de 20 voix, qu’il peut utiliser à sa guise lorsque des décisions sont à prendre au sein de la firme. Dans la pratique, c’est donc comme s’il était le seul à choisir les stratégies et politiques de l’entreprise, sans devoir tenir compte des opinions des autres actionnaires qui forment le comité. Cependant, il s’avère également que celle-ci est sous la responsabilité de Rebekah Neumann, l’épouse d’Adam, PDG et fondateur de la firme.
Le capital de WeWork ou The We Company
Le projet d’introduction en bourse de WeWork peut entraîner certaines questions concernant sa capitalisation. Depuis le succès de la start-up, la Softbank a investi plusieurs fois dans son développement et son expansion. En 2017, la participation de la banque japonaise s’y élevait à 7,4 milliards de dollars après avoir ajouté 4,4 milliards de dollars à son investissement initial de 3 milliards de dollars.
La société dispose alors d’une capitalisation totale de 20 milliards USD. La Softbank rajoute ensuite deux participations successives de 1 milliard USD et 3 milliards USD en 2018. En 2019, un projet d’investissement de 20 milliards USD par la même banque est cependant réduit à 2 milliards USD, à cause du ralentissement économique mondial qui se profile à l’horizon. Cette opération aurait permis à la banque de bénéficier d’une participation majoritaire dans l’IPO de la start-up.
Actuellement, en seulement deux ans la part de Softbank totalise un investissement de 10 milliards USD sur 22 milliards USD. Le retour de décision de la banque nippone fait suite à l’échec du lancement de sa compagnie de téléphonie mobile et à la chute de 33% de sa valeur en bourse. Néanmoins, la situation complexe de Softbank ne sera pas un obstacle pour WeWork dans un avenir proche.